Orbital

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Je suis enfin retourné dans l’unique librairie de ma petite ville et au milieu des rayons, un livre m’a immédiatement interpellé, Orbital de Samantha Harvey.

L’autrice n’a jamais voyagé dans l’espace, sinon en rêve et n’écrit pas de romans de science-fiction. Elle enseigne la création littéraire à l’université.

Orbital raconte la vie de six astronautes à bord de la station spatiale internationale, seize chapitres en forme d’orbites autour de la Terre où le lecteur découvre la vie dans l’ISS et où l’auteur imagine ce qui se passe dans la tête des astronautes.

Il s’agit d’un roman contemplatif, poétique et presque philosophique rythmé par trois événements qui vont perturber la routine des astronautes : le décès de la mère de Chie, la passagère japonaise, un typhon qui menace les Philippines et le retour sur la Lune des astronautes américains.

Une fiction dans un futur proche remplie d’incroyables descriptions de notre planète bleue, de réflexions sur l’humanité, de descriptions de la routine à bord de la station spatiale internationale.

Il n’y a pas besoin d’être passionné d’espace comme moi pour se faire happer par ce magnifique roman superbement écrit et traduit. Plus de deux-cent pages pour prendre de la hauteur avec notre monde et découvrir combien il est beau et fragile.

Tout seul dans le noir

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La neige est tombée sur le contreforts des Vosges. Le mercure a plongé dans les températures négatives. La fin des vacances approchent et tout le monde semble décidé à rester emmitouflé au coin du feu ce soir.

Sauf moi. Je suis tout seul avec moi-même dans le noir, assis sur une chaise pliante au milieu du vignoble à contempler la lune et Vénus qui se couchent sur les sommets enneigés. 

J’entends au loin les aboiements d’un chien inquiet qui se rapprochent. Ma frontale rouge qui balaie la nuit couleur d’encre doit l’intriguer autant que l’inquiéter. Il finit par arriver avec son maître, encore plus surpris de trouver un être humain vivant installé au milieu de nulle part. Le maître me lance un salut méfiant et le chien passe son chemin non sans avoir grogné une dernière fois. Cette fois je suis vraiment tout seul.

Et puis vient le silence troublé par le ronronnement discret de la caméra et quelques cris de rapaces nocturne. 

Le télescope est installé et pointe une nébuleuse de la constellation du taureau. Les chinois assistèrent à l’explosion de son étoile en 1054 et sa lumière illumina la voûte céleste pendant encore deux années. Aujourd’hui il reste de magnifiques draperies de gaz illuminées par les étoiles que mon télescope tente de saisir. 

Il fait très froid. Du givre se dépose sur le matériel et les valises de transport. Avec trois couches de vêtements, des semelles chauffantes, un bonnet et une capuche, des sous-gants et des mitaines, la température est presque supportable. 

Par contre la solitude est infinie. Une fois le matériel installé et réglé, une fois la calibration effectuée et la cible pointée, il ne reste plus qu’à surveiller que tout fonctionne bien sur les moniteurs. 

Une photo toutes les soixante secondes et ceci pendant au moins deux heures pour espérer obtenir quelques détails dans la nébuleuse. Sorti de pauses grignotage, soupe en thermos, banane et cake aux fruits confits, je pends des jumelles grand champ pour repérer le double amas de Persée, la galaxie d’Andromède, la nébuleuse d’Orion, Mars, Jupiter, Vénus et la Lune. 

Les minutes sont interminables avec personne à qui parler. Il y a bien mes amis astronomes qui échanges des messages sur WhatsApp. Ils observent les planètes depuis leur terrasse ou leur balcon et partagent de magnifiques images. En attendant je suis tout seul dans le noir. 

Soudain un bruit sourd et très proche me fait sursauter. Une porte claquée, un animal forçant un clôture, un psychopathe armé d’une batte de baseball ? Non, c’est ma tablette qui a glissé sur la valise à cause du givre. 

Seulement quatre vingt images. Il m’en faut au minimum cent vingt pour cumuler deux heures de photos.  Je suis en plein dans l’axe des décollages de l’aéroport Strasbourg-Entzheim et des avions ont déjà gâché deux images. Quand ce n’est pas Starlink qui pourrit le ciel, ce sont les Airbus A320. 

Je regarde le chronomètre égrener les soixante secondes de chaque cliché. Que le temps s’écoule lentement dans la nuit par moins cinq degrés. 

Le ciel n’est pas vraiment fabuleux. Certes il n’y a pas de nuage ce soir ce qui est assez rare dans notre région, mais je distingue à peine la Voie Lactée. J’aurais pu monter au Champ du Feu mais avec la couche de neige et une température ressentie proche de moins onze degrés, je ne m’en sentais clairement pas le courage. 

La photo sera certainement moins belle mais c’est la première fois que je photographie la nébuleuse du Crabe, alors ce sera déjà mieux que rien. 

Les mitaines à capuchons qui protègent mes mains glissées dans des sous-gants couvrent mal mes pouces gelés. Les parties amovibles se défont tout le temps, laissant les doigts à l’air. Mes jambes, malgré un pantalon de pluie, un jean et un collant, commencent à ressentir la morsure du givre. Mon nez est congestionné et je n’ai plus de soupe chaude. 

Cent images empilées. Encore vingt-cinq et je remballe le matériel. Cinq de plus pour compenser les inévitables rejets. Je me réchauffe tant bien que mal en marchant dans le noir tout en restant à proximité du matériel pour surveiller le guidage. 

Ces derniers temps j’ai eu de nombreux problèmes avec mon système. Je surveille également le niveau des batteries car avec le froid mordant, leur autonomie baisse à toute vitesse.

Les semelles chauffantes commencent à faiblir. Elles qui étaient annoncées pour huit heures de fonctionnement, n’iront pas au-delà de cinq, mais c’est déjà pas si mal. 

Je suis arrivé à 18h et que je compte lever le camp vers 23h. J’ai besoin de presque une heure pour monter le télescope, faire une bonne mise au point sur une étoile, réaliser l’alignement polaire, calibrer l’autoguidage et commencer à photographier l’objet. J’ai gâché une demi-heure de précieuses photographies suite à une erreur de réglage de la caméra. Cela m’apprendra à faire plus attention.

Cent-vingt-cinq clichés. Ça y est ! Maintenant je dois réaliser les images de calibration. Des Flats, c’est à dire des images blanches pour détecter les défauts optiques de mon système, les poussières et le vignettage, des Darks et des Bias c’est à dire des images noires pour retirer le bruit thermique aléatoire du capteur de la caméra même si celle-ci est refroidie à -20 degrés Celsius. Cela prend encore une demi-heure et il est temps de tout remballer en n’oubliant rien. 

La peau de la banane est durcie, les câbles ont perdu toute souplesse, les malettes sont blanche et la voiture est recouverte de givre. 

Lorsque je démarre le moteur et allume le chauffage, je sens mon corps revivre. J’allume la radio pour enfin entendre une voix humaine et je reprends la route vers Strasbourg, heureux de cette nuit en solitaire mais impatient de retrouver mon lit bien chaud.

Weather Systems – ocean without a shore

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J’ai longtemps hésité à acheter ocean without a shore. Parce que Weather Systems c’est un peu le Operation Mindcrime de Daniel Cavanagh. On l’écoute parce que ce fut certainement le meilleur album du groupe Anathema et que le nouveau projet, lui, ne réinvente pas la roue un peu comme sur son album solo Monochrome de 2017.

Toutefois, plusieurs éléments m’ont finalement décidé : Weather Systems reste justement le meilleur album d’Anathema à ce jour. J’apprécie également beaucoup le travail de Danny, mais pas tout quand même. Ensuite le groupe sera Chez Paulette le 23 mai 2025  alors autant écouter l’album avant le concert. Enfin parce que Pat et Chris de l’association ArpegiA l’ont placé dans leur top 2024.

Weather Systems est donc le nouveau projet de Daniel Cavanagh. Il fait donc du Anathema sans les magnifiques voix de son frère Vincent et Lee Douglas.

ocean without a shore ce sont neuf titres pour presque une heure de musique prog alternative mélancolique. On y retrouve Daniel Cardoso à la batterie et les continuations de ‘Untouchable’ et de ‘Are You There’. Bref, si vous aimez Anathema, vous ne serez pas dépaysé.

Et c’est certainement le plus gros défaut de cet album, même si j’aime Anathema. Un seul des neuf morceaux sort du mood anathémien. Il s’agit du dernier titre ‘The Space Between Us’ long de six minutes qui se rapproche beaucoup du travail de Peter Gabriel en solo. En effet, il emprunte plus à la world music qu’au rock alternatif progressif qui a fait le succès de Anathema sur ces derniers albums.

À l’autre extrémité de l’album, il y a ‘Synaesthesia’ qui ouvre ocean without a shore avec plus de neuf minutes à la forme très progressive. Le titre débute sur du Anathema posé à deux voix avant de s’engager dans long solo de guitare metal nerveux, se poser quelques secondes et changer de forme à la sixième minute et repartir sur des notes électriques déchirantes soutenues par des chœurs pour conclure le morceau.

Le reste oscille principalement entre déjà vu et continuations. Le fan ne sera pas déstabilisé et s’il n’est pas trop exigeant, il y trouvera son compte. Personnellement, je trouve que cet album a un goût de trop peu même s’il s’écoute agréablement. Il ne peut se mesurer à Weather Systems sorti douze ans auparavant qui reste pour moi le chef-d’œuvre absolu d’Anathema. Mais cela fait tout de même plaisir de retrouver Danny sur un album.

J’aime beaucoup l’avant-dernier morceau ‘Ocean Without A Shore’ même s’il n’est pas forcément du plus original. Un titre qui commence sur des claviers et du chant vocodé et qui bascule sur de l’électro, le genre de pièce qui devrait très bien fonctionner le live.

J’aime également ‘Ghost in the Machine’ pour son duo vocal même si lui non plus ne brille pas par son originalité.

Au final ocean without a shore m’a fait plaisir parce que je suis un fan d’Anathema mais il m’a laissé sur ma faim de musique, parce qu’il n’est ni original ni transcendant. Mais ce qu’il y a de certain, c’est que j’irai écouter Weather Systems chez Paulette, parce que bon voilà quoi.

ZWO et les câbles

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ZWO est la marque chinoise qui équipe une grande partie de mon setup astro. D’abord spécialisée dans les caméras, elle s’est diversifiée et fabrique maintenant des montures pour télescope, des lunettes, des ordinateurs, des roues à filtres, des rotateurs de champs, des focusseurs et des télescopes automatiques.

Je suis arrivé chez eux par flemme. Pourquoi s’encombrer de drivers, de logiciels, de PC, lorsque l’on peut avoir un setup complet compatible et simple à mettre en œuvre ?

J’ai d’abord acheté un Asiair Plus avec la lunette de guidage 30/120 mm et la caméra ASI120 mini pour régler les problèmes de suivi de ma première monture de télescope. J’ai ensuite acheté leur monture AM5 réputée pour sa simplicité et son transport facile. J’ai continué en achetant une caméra pour photographier le ciel profond, une ASI533 MC Pro et enfin j’ai trouvé sur LeBoncoin une caméra d’occasion pour le planétaire, la ASI224MC.

Je possède donc un écosystème ZWO assez complet même si je n’ai pas encore d’EAF (mise au point automatique) ni de roue à filtre.

Évidemment tout ces équipements fonctionnent avec des câbles. USB, RJ 45, alimentation 12 V. Des fils qui pendouillent, se mélangent, se coincent et parfois se cassent. Ça m’est arrivé plus d’une fois. Alors j’ai demandé mon fiston, qui possède deux imprimantes 3D, de me fabriquer des accessoires pour organiser les câbles.

Les organisateurs de câbles permettent d’éviter d’avoir des pelottes de fils qui pendent un peu partout, qui se prennent dans les pieds, qui s’accrochent aux vis de réglages mais également d’éviter la tension sur les connecteurs. 

Car si les produits ZWO fonctionnent relativement bien, j’ai l’impression que la marque fait des économies sur la connectique. Les prises USB et d’alimentation ne sont pas assez profondes pour mes câbles et la moitié du connecteur reste à l’air libre. 

Tant et si bien que les mauvais contacts sont fréquents lorsque les fils pendent. Et les mauvais contacts, c’est clairement l’enfer.

Pour réaliser l’alignement de la monture équatoriale avec l’étoile polaire, le setup réalise une première photo puis la monture bascule de 45 degrés à gauche pour en faire une deuxième. Ce déplacement suffit souvent pour que la prise d’alimentation de la caméra principale perde son contact. La micro coupure résultante plante le processus et il faut tout reprendre à zéro.

La correction fine du mouvement de la monture se fait en suivant à l’ordinateur plusieurs étoiles. La caméra de guidage est reliée à l’Asiair (le mini ordinateur) par deux câbles, un RJ45 et un USB. J’ai remarqué qu’au bout d’une heure ou deux d’auto guidage, l’ordinateur finit par perdre la main et commence à compenser des déplacements fantômes. Du coup le suivi devient plus mauvais que sans caméra de guidage et la session photo se termine là. Je soupçonne ici également un faux contact même si le déplacement en question est très lent. Et personne ne m’a apporté d’explication satisfaisante à mon problème à ce jour.

Du coup je vais tester deux nouveaux organisateurs de câbles fabriqués par mon fils aîné, un pour la caméra principale et l’autre pour la caméra de suivi. D’ailleurs je n’arrête pas de lui conseiller d’ouvrir une boutique en ligne pour vendre ses impressions. Un organisateur de câbles comme un masque de bathinov sont vendus pas loin de vingt euros et coûtent moins d’un euro à fabriquer. Même si la demande n’est pas folle, il y a moyen de se faire un peu d’argent.

Motion de censure

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Des fois j’ai l’impression que les électeurs et certains hommes politiques ne mesurent pas vraiment les conséquences de leurs actes.

Le 9 juin 2024, notre président dissolvait l’assemblée nationale sur un coup de tête et le 30 du même mois, le peuple s’exprimait par votre, transformant durablement la physionomie de l’hémicycle.

Sans majorité bien établie, il fallut attendre le 5 septembre pour qu’un nouveau premier ministre soit nommé en la personne de Michel Barnier. Hélas, mille fois hélas, son gouvernement pris fin le 5 décembre, après le vote d’une motion de censure.

Le 13 décembre, François Bayrou lui succédait et le 23 décembre, celui-ci annonçait son nouveau gouvernement.

Conséquence de tout cela, depuis le 5 décembre 2024, le budget 2025 reste suspendu au vote des députés et certains annoncent déjà une nouvelle motion de censure.

Et alors me direz-vous ?

Ce n’est que de la politique tout ça !

Oui, mais je travaille dans une administration qui dépend des subsides de l’état pour fonctionner. Et de l’argent, nous n’en avons plus depuis mi décembre, date de clôture de l’exercice comptable 2024. En gros les caisses sont vides. Et sans budget, nous ne faisons plus grand-chose, surtout moi qui gère les achats et les marchés publics.

Nous ne pouvons pas payer les factures 2024 en souffrance, nous pouvons plus rien commander et pire encore, nous ne pouvons plus signer de marché avec les entreprises. De nombreux contrats d’entretien, de ménage, de télésurveillance, de contrôle incendie, qui devaient démarrer en début d’année, sont suspendus au vote du projet de loi finance 2025. 

La bonne nouvelle c’est que nous sommes encore payés, à ne rien faire puisque de 80% de mon activité consiste à gérer les dépenses publiques, mais payés quand même. Par contre, si nous ne faisons pas grand-chose, le retard s’accumule comme les factures et les contrats en attente de signature. Lorsque la machine va redémarrer, les journées risquent d’être très chargées. En attendant je bulle.

Laudrare – Requiem

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Vous avez déjà assisté à une messe en matin ? Moi oui, de nombreuses fois en fait, et je ne m’en suis toujours pas totalement remis.

Ben justement, aujourd’hui je vous propose d’en écouter une avec Requiem du groupe allemand Laudare.

Requiem est un album de metal progressif en dix titres qui est écrit comme une messe d’enterrement avec un ‘Introitus’, un ‘Dies Irae’, un ‘Offertorium’, un ‘Sanctus’ un ‘Agnus Dei’ etc etc… Il se termine même par “Amen”.

Growl, chant clair en latin, instruments acoustiques et électriques font de ce requiem quelque chose d’assez unique en son genre parce que ça n’en reste pas moins du metal.

Alors, j’ignore si le quatuor de Leipzig est catho intégriste, d’ailleurs, je m’en moque un peu, toujours est-il que Requiem est un album impressionnant même si par moment, comme dans ‘Rex Tramendae’, le chant clair souffre quelques faiblessesalors que dans le ‘Lacrimosa’ il est bluffant.

Les transitions d’un genre à l’autre sont parfaitement menées, comme s’il était naturel de passer de la messe au growl écartelé. Le titre ‘Introitus’ par exemple est franchement bluffant.

L’album ne manque pas de rythme du fait des changements stylistiques et des différentes voix qui se succèdent, du growl vomito à la soprano en passant par un chant médium masculin.

J’ai l’impression que tout le monde chante sur Requiem, en chœur ou en solo. Les sections de violoncelle au style très baroque, comme dans le ‘Dies Irae’ ou ‘Rex Tramendae’, sont parfaitement en place faute d’être virtuoses. Une guitare acoustique vient également apporter sa touche de douceur à la partition avant que le poutrage ne reprenne en force.

Bref, l’album Requiem pourrait réjouir les métalleux qui aiment aller à la messe.

La petite fille sous la neige

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Mise en garde : j’ai commencé ce roman un dimanche alors que j’étais en panne de livre. Ma librairie préférée était fermée (mais que font les libraires le week-end ?) et que ce bouquin traînait dans notre bibliothèque. 

C’est certainement la phrase « Le nouveau phénomène littéraire. » signée Joël Dicker en haut de la couverture qui a motivé son achat un jour d’égarement.

Kiera Templeton, une petite fille de trois ans, disparaît lors de la grande parade de Thanksgiving à New-York en 1998. Miren, une jeune étudiante en journalisme, touchée par le fait divers, se lance dans l’enquête et infatigable, la mènera jusqu’à son terme douze ans plus tard.

Le roman de Javier Castillo, salué par Joël Dicker dont il reprend un peu les codes, est une enquête policière qui voyage dans le temps de 1998 jusqu’en 2013, avec de multiples aller-retour et plusieurs récits parallèles. Un artifice littéraire qui permet au lecteur de ne pas s’ennuyer alors que l’histoire de cette disparition, expliquée assez rapidement dans le livre, ne possède rien d’extraordinaire au final.

Le roman s’attache beaucoup à la vie de la journaliste Miren ainsi qu’à ses traumas qui en ont fait d’elle  cette femme pugnace qui ne lache rien, même une enquête vieille de douze ans. Le style est efficace et le rythme soutenu, sans réel temps mort à la manière d’un thriller. Un livre qui se lit vite mais qui s’oublie très rapidement. Ce n’est pas La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert.

J’ai de nombreux reproches à faire à cette histoire block buster. Pourquoi un auteur espagnol transporte-t’il son récit aux États Unis si ce n’est pour mieux vendre ? Pourquoi fait-il également l’apologie de l’auto justice et de la détention d’arme à feu dans ce livre ? Certes l’histoire se déroule à New-York, mais cela n’excuse pas tout. Enfin, la très longue captivité de la petite Kiera est clairement tirée par les cheveux même si l’auteur use de quelques artifices pour la justifier.

Un roman de gare tout au plus qui se lit très vite mais qui ne mérite pas forcément le temps passé. Sauf si vous n’avez plus rien à lire bien sûr… Il a été adapté en série TV en 2023.

Douce nuit, sainte nuit

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L’hiver s’est installé sur l’Alsace avec ses gelées nocturnes. Les marchés de Noël battent leur plein, le vin chaud fume et les bredele croquants embaument la cannelle et l’anis.

La température est passée sous le seuil psychologique des zéros degrés. Un bonnet sur le crâne, des sous vêtements thermiques en double couche, des bottes épaisses au pied, des gants de soie sur les mains, je regarde le ciel étoilé à côté de ma lunette. 

Je suis coincé en plaine, dans le vignoble au-dessus de Rosheim, car il a neigé sur les sommets. Le parking du Champ du Feu est verglacé et ailleurs la couche de neige fraîche dépasse les trente centimètres. Mon Thermos est rempli de soupe au potimaron brûlante. Mon compagnon d’infortune a apporté des bredele qu’il a fabriqué avec son épouse. Au moins nous avons de quoi manger.

La lunette pointe vers la constellation d’Orion où brillent deux sublimes nébuleuses colorées. Le ciel d’hiver est magnifique et pas besoin d’attendre minuit pour commencer à profiter de ses trésors. Par contre il faut installer le matériel dans le noir ce qui demande un peu d’entraînement et s’habiller chaudement.

J’ai froid aux pieds malgré les bottes et deux paires de chaussettes. Mes doigts sont gourds à force de toucher la monture en métal et l’écran tactile de la tablette. En plus le ciel n’est pas extraordinaire ce soir, légèrement brumeux après une belle journée ensoleillée.

François photographie la galaxie Messier 74 avec son Seestar 50 alors que j’en suis encore à régler mon matériel. Lorsque je commence enfin ma session photo il a déjà presque une demie-heure d’images. Je pointe IC 434, la nébuleuse à tête de cheval. Un nuage de gaz obscur qui ressemble à un hyppocampe. C’est un de mes objets préférés que j’ai déjà photographié en septembre dernier à la sauvette avant le lever de la comète Tshuchinshan-ATLAS. Je voulais la reprendre plus sérieusement. Hélas l’autoguidage va m’abandonner après cent trente clichés de trente secondes chacun. C’est mieux que les vingt précédentes minutes mais ce soir là le ciel était très pur.

On est le 26 décembre. La veille je photographiais la nébuleuse d’Orion depuis le jardin. L’astronomie n’attend pas les repas de famille. De toute façons, chez nous le jour de Noël on se repose, nous fêtons ça la veille depuis mon enfance.

De retour à la maison, commence le laborieux travail de traitement des images, des heures passées sous le logiciel Pixinsight à moyenner les images, isoler les étoiles, contraster la nébuleuse, augmenter la saturation, réduire le bruit et à tout assembler ensuite pour obtenir quelque chose de cohérent. Puis c’est parti pour du post traitement sous logiciel Lightroom afin de rendre tout cela plus sexy. J’envoie alors ma copie à mes mentors sur WhatsApp, je me prends des baffes comme d’habitude. Je recommence le traitement, je propose une nouvelle version et ainsi de suite jusqu’à qu’en face, lassés de critiquer mes images, ils abdiquent devant mes pathétiques balbutiements. Je progresse grâce à leurs conseils, mais à chaque fois j’en prends plein la figure. 

8En deux nuits glaciales j’ai réalisé deux images et tenté de photographier Jupiter. Sauf que je viens d’apprendre qu’il me faudrait un ordinateur portable sous Windows pour réaliser l’acquisition des images sorties de la caméra. Le Père Noël n’en a pas mis sous le sapin malgré de nombreux messages subliminaux. Il va falloir attendre les soldes ou renoncer à faire du planétaire.

Mon album de l’année 2024

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Il est temps d’élire l’album de l’année 2024. L’an passé je me suis bien fait allumer avec ma sélection, faut dire que j’avais osé la pop et snobé les grandes sorties du prog.

Cette année, je ne suis pas certain que mon choix va faire l’unanimité non plus. L’album de l’année fait partie des rares vinyles que j’ai achetés en 2024 ce qui limite drastiquement le nombre de candidats.

Il y a tout d’abord The Pineapple Thief avec l’album It Leads To This sorti en début d’année que j’ai téléchargé sur Bandcamp et finalement commandé en vinyle quelques mois plus tard. Un album que je trouve plus proche du travail de Bruce Soord en solo que des productions habituelles de The Pineapple Thief sorti de Magnolia.

Je suis tout de suite tombé amoureux de son atmosphère feutrée, de sa sensibilité à fleur de peau, de son format court que j’apprécie de plus en plus et de sa magnifique pochette représentant une Amérique déchue.

Le second vinyle que j’ai acheté est celui de Steve Hackett avec son magistral concept album The Circus and the Nightwhale. Le premier concept album de Mr. Hackett tout de même où il se raconte, lui et sa musique.

Évidemment il y a FROST* avec Life in the Wires, un autre concept album au passage.

Je ne suis pas toujours en phase avec le groupe britannique surtout quand la galette dure plus d’une heure et demie mais j’avoue que Life in the Wires m’a tout simplement ébloui. J’y reviens très souvent, enfin lorsque j’ai assez de temps pour lui consacrer une écoute complète. C’est certainement aujourd’hui mon album de FROST* préféré.

Et puis il y a Nightwish avec Yesterwynde. Oui je sais, c’est Nightwish et l’an passé j’avais failli faire grimper sur le podium le premier album solo de Floor Jansen. Encore une fois j’assume. Leur pop metal symphonico cinématique me transporte à chaque écoute et la voix de Floor est magique.

J’ajouterai bien à cette petite sélection un compact disk que j’ai beaucoup aimé. J’avoue que j’ai acheté encore moins de CDs que de vinyles cette année. Ce disque, c’est celui de Oceans of Slumber, Where Gods Fear To Speak. Ce n’est pas un secret, j’aime beaucoup Oceans of Slumber et cet album, peut être est-ce l’effet de la nouveauté, est un de mes préférés.

Ces cinq albums m’ont particulièrement impressionnés et je reviens dessus régulièrement entre deux chroniques.

Mais si j’en crois le nombre de vues sur Youtube, ce serait Nightwish qui remporterait le titre d’album de l’année avec 262 vues. Oui je sais, ce n’est pas grand chose mais bon pour ma chaîne c’est un très bon score. Leprous arriverait en seconde position et Marco Gluhmann en troisième.

Mais je n’ai pas suivi l’avis du public comme souvent. Je crois que les deux albums que j’ai le plus écoutés cette année sont Where Gods Fear To Speak et It Leads To This. L’un des deux est mon vainqueur 2024.

D’un côté du métal progressif à la voix de gospel et growl, de l’autre du rock alternatif tout en douceur.

Les prog heads auraient sans doute voté pour Steve Hackett ou FROST*, les métalleux pour aucun de ces albums, la ménagère aux piercings pour Nightwish, mais moi je vote pour The Pineapple Thief qui monte sur la première place du podium.

Mes arguments pour défendre cet album sont purement subjectifs. Je reviens vers It Lead To This lorsque j’ai besoin d’un havre de paix musical, d’intimité, de douceur, de beauté et d’une musique tout en finesse. J’aime beaucoup le travail de Bruce Soord en solo et It Leads To This s’en rapproche même si The Pineapple Thief ressurgit de temps en temps. Je suis également un grand admirateur de Gavin Harrison et c’est aujourd’hui dans ce groupe et non Porcupine Tree que j’apprécie le plus son travail.

J’ai beaucoup aimé également Insanium de Whom Gods Destroy, The Like Of Us de Big Big Train et plein d’autres albums, mais It Lead To This s’est tout de suite détaché des autres et dès sa sortie j’ai compris que ce serait mon album 2024. Si vous ne l’avez pas encore écouté, foncez le découvrir, c’est une merveille.

Je ne vous demande pas d’être d’accord avec moi. Ce n’est que mon avis et je le partage. L’an passé mon album de l’année a bien énervé certains comme quoi c’est toujours compliqué la liberté d’expression de nos jours.

Elon Musk

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Elon Musk interviewed by Chris Anderson at TED2017 – The Future You, April 24-28, 2017, Vancouver, BC, Canada. Photo: Bret Hartman / TED

Je ne manque jamais de regarder un décollage du Starship. J’utilise PayPal pour mes achats en ligne. Je possède une Falcon Heavy en Lego et porte un teeshirt Space X de temps en temps. 

Cela ne signifie pas pour autant que je sois un fan de l’homme le plus riche du monde. Je ne conduis pas de Tesla et je déteste les satellites Starlink qui pourrissent mes nuits d’observation. Je suis juste un vieux geek fasciné par ces machines phalliques qui s’élèvent hors de notre atmosphère.

Mon petit dernier, sans doute inquiet pour ma fascination pour l’empire d’Elon Musk, m’a offert pour Noël le roman graphique Enquête sur un nouveau maître du monde de Darryl Cunningham. Une BD de 180 pages qui raconte l’ascension du milliardaire Elon Musk.

De son enfance en Afrique du Sud jusqu’au second vol du Starship en mars 2024, l’auteur raconte comment se fils de riche a su construire un empire, commençant avec X.com pour finir avec Space X. Il relate l’affaire Twitter, son virage à droite lorsque un de ses enfants a changé de genre, ses mariages, ses coups de tête, les gens qu’il a viré, ses projets avortés comme l’Hyperloop et d’où provient l’argent qui a permis à Tesla et Space X de rester à flot.

Si la plus grande partie du roman graphique semble très factuelle, les dix dernières pages sont clairement à charge. L’auteur se lache et il n’aime manifestement pas Elon Musk, moi non plus au demeurant, surtout depuis qu’il bosse pour Trump.

Je connaissais bien certains épisodes de la vie du milliardaire comme l’épisode X Twitter puisque j’avais un compte sur ce réseau à l’époque. Par contre je n’avais pas entendu parler des déboires de Tesla. La partie Starlink est traitée trop rapidement si l’on considère l’impact que devrait avoir cette entreprise dans le futur. Et j’ai noté que l’auteur passe sous silence le cadeau fait à l’Ukraine au début du conflit avec la Russie mais relate ensuite la tentative de fermeture du réseau de terminaux pour empêcher une attaque de drones. Du coup j’ai l’impression que certains épisodes de la carrière de Musk ont été passés sous silence pour noircir le tableau.

Alors roman graphique journalistique ou enquête à charge contre Elon Musk ? Je pense que c’est un peu les deux à la fois. J’ai appris pas mal de choses sur le bonhomme, détrôné quelques mythes sur son empire et me suis bien amusé en lisant la BD.