Ma mère fumait des Dunhill rouges, mon père des Gauloises sans filtre, mon frère aîné roulait ses cigarettes, le second crapotait des mentholées, le troisième des joints et moi je fumais la pipe. Certains affirment que les filtres sont pleins de produits chimiques toxiques, d’autres que ce bout jaunâtre limite les dégâts. Dans tous les cas, il vaut mieux ne pas fumer.
J’ai commencé à photographier sans filtre mais pas à l’aide d’un capteur défiltré. Puis j’ai utilisé une caméra et aujourd’hui je me lance dans l’utilisation des filtres.
Mais tout doucement. Car un filtre absorbe une partie non négligeable de la lumière et lorsque l’on scrute le vide intersidéral, on trouve peu de lumière. En plus j’utilise une caméra couleur alors que d’ordinaire la photographie astronomique se fait avec des caméras noir et blanc et plusieurs filtres comme le O3, H Alfa ou SO2. Mais ce genre de cliché demande trois fois à quatre fois plus d’images, c’est à dire plusieurs nuits de photographie.
Je n’en suis pas là. Pour l’instant je vais juste essayer d’enlever les rayonnements parasites comme les éclairages urbains et la pollution de mes images. Donc je ne vais utiliser qu’un seul filtre pendant toute ma session photo.
Les filtres, que ce soit en photographie ou en astronomie, cela coûte un bras. Alors pour commencer, j’ai été raisonnable, j’ai commandé un UV-IR cut et un tri band. L’UV-IR cut filtre comme son nom l’indique le rayonnement ultraviolet et infrarouge. Le tri band lui ne laisse passer que trois bandes assez étroites du spectre lumineux, le rayonnement émis par l’oxygène, le souffre et l’hydrogène.
Mais qui dit filtre dit porte filtre. Encore un machin à placer entre la lunette et la caméra. Il y a des portes filtres encombrants et relativement chers pilotés par ordinateur et puis il y a des petits trucs accessibles mais totalement manuels. J’ai opté pour un compromis avec le SVBONY. Il possède un tiroir aimantée qui permet de changer facilement de filtre ou de ne rien mettre à la place.
Le hic c’est qu’il fait 21 mm ce qui m’oblige à revoir tout le réglage du bac focus, c’est à dire la distance qui sépare le réducteur de champ de la caméra. Celui-ci est de 55 mm et celui de la caméra est de 6.5 mm ce qui me laissait 27.5 mm à combler sachant que la caméra dispose d’une bague de 11 mm soit donc 16.5 mm à compenser.
J’ai enlevé le rotateur de champ situé derrière le réducteur pour le placer juste derrière le porte oculaire et j’ai glissé deux bagues, une de 12 et une autre de 5 mm pour atteindre le bon bac focus. Des opérations contrôlées au pied à coulisse pour être certain de ne pas avoir de mauvaises surprises.
Il ne reste plus qu’à essayer tout cela dès que le ciel daignera se dégager. Normalement le filtre tri band devrait améliorer les images de nébuleuses en ville et le UV-IR cut mes photos planétaires et de galaxies.
Vous savez, moi et Steven Wilson ça a toujours été compliqué.
Comme beaucoup d’entre vous, je l’ai découvert avec Porcupine Tree. J’ai été un inconditionnel du groupe britannique pendant des années, jusqu’à un certain incident qui reste pour moi le sommet de leur carrière.
J’ai naturellement suivi Wilson en solo et là, on va dire qu’il y a eu des hauts et des bas. Des hauts avec The Raven That Refused to Sing et to the bone. Des bas avec The Future Bites et hand, cannot, erase.
En plus, sa manie de préserver son image en pourrissant le travail des photographes de concert accrédités n’a pas amélioré nos liens, enfin mes liens avec lui.
Alors quand la fan base s’est extasiée au sujet de son dernier album The Overview j’ai hésité. Hésité, car il n’est plus disponible sur Bandcamp, il en a été retiré, hésité aussi parce qu’après une écoute rapide, mon avis était mitigé.
Mais bon, un peu d’audimat ne fait pas de mal, même s’il m’a fallu débourser presque seize euros pour une version digitale sans parole avec les morceaux en double sur Apple Music.
L’album est court, deux titres de vingt-trois et dix-huit minutes plus dix autres qui ne sont que les deux précédents saucissonnés. Dans le premier, Wilson revient au rock progressif de The Raven, dans le second à de la pop alternative vaguement expérimentale.
Je comprends que les prog heads se réjouissent du retour de Steven Wilson aux sonorités des seventies. C’est vrai que ‘Objects Outlive Us’, comprenez les objets nous survivent, est proggy. Mais si je le compare le titre à ‘The Raven That Refused To Sing’ ou à ‘Luminol’, est-ce que Wilson joue vraiment dans la même cour de récréation ? Pour moi non. Je trouve qu’il y a beaucoup moins d’envie dans ce premier morceau même s’il est très agréable à écouter. De temps en temps, j’entends quand même une section instrumentale réellement éblouissante comme dans ‘Cosmic Sons Of Toil’, mais sans réinventer la poudre à perlimpinpin non plus. Le fait est que je ne trouve pas mes marques pendant plus vingt minutes et que tout se noie un peu, tant et si bien que je peux écouter le titre à deux reprises sans m’en appercevoir.
‘The Overview ‘ où Wilson s’extasie sur la complexité de l’univers (enfin, je crois), me touche encore moins. ‘Perspective’ aurait dû m’enthousiasmer avec son catalogue d’objets stellaires, mais il est juste étrange, ‘A Beautiful Infinity’ est d’une grande banalité dans l’œuvre de Wilson (il en a écrit combien de titres de cet acabit sérieusement ?). Certes la guitare est super travaillée quand même, mais est-ce que ça en fait une chez d’œuvre pour autant ? ‘Infinity Measured in Moments’ n’a franchement pas grand intérêt et ‘Permanence’ pourrait combler les angoisses des claustrophobes dans les ascenseurs. ‘The Sound of Muzak’ ça vous parle ?
Voilà, je crois que l’on a fait le tour du dernier Steven Wilson. C’est un album bien fait, relativement plaisant à écouter, mais certainement son chef-d’œuvre, disons que je n’ai pas ressenti le grand frisson. Que cela ne vous empêche pas de l’écouter, c’est du Steven Wilson tout de même.
Eric Chacour a écrit son roman Ce que je sais de toi en deux parties.
La première, écrite à la seconde personne du singulier, parle d’un égyptien du Caire. Un enfant devenu médecin pour marcher dans les pas de son père avant de finir par s’enfuir à Montréal.
La seconde partie, écrite à la première personne de singulier, parle de celui qui raconte la première.
Ce que je sais de toi raconte l’histoire de Tareck, d’Ali, de Rafik, de Nesrine, de Mira, de l’Egypte des années quatre-vingt, d’une histoire d’amour interdite, d’une famille chrétienne du Caire, de souvenirs, de secrets, de mensonges.
La première partie, qui voit Tareck devenir adulte, reprendre la clinique de son père, se marier puis tomber amoureux, est à mon avis la plus émouvante. L’histoire de l’Egypte de Nasser se mêle à celle du garçon dont la vie toute tracée d’avance par ses parents va être bouleversée par la rencontre d’Ali, un jeune homme des quartiers défavorisés du Caire.
La seconde partie dévoile, après une longue attente, l’identité du narrateur de la première. Il s’agit du second grand coup de théâtre du roman qui donne une toute nouvelle perspective à l’histoire de Tareck. ‘Je’ cherche à tout connaître de ‘Tu’ et à le rencontrer.
Cette rencontre aura lieu à la fin du roman, dans le dernier chapitre intitulé tout simplement ‘Nous’.
Après 320 pages d’attente, j’attendais certainement plus de ce final. Mais dès le chapitre 40, Ce que je sais de toi commençait à perdre de sa substance à mes yeux alors que le roman avait magnifiquement commencé.
Sur les conseils avisés de Alias et de Alice j’ai écouté l’album Abur du groupe belge Pothamus. Et j’ai été conquis. Hasard du calendrier, le groupe se produisait au P8 à Karlsruhe le vendredi 11 avril avec le groupe, également belge, HEMELBESTORMER.
Ni une ni deux, j’ai contacté la salle pour savoir si je pouvais venir faire des photos, et Bert m’a répondu par la positive. Muni de mon billet, du Nikon Z8, du nouveau 70-200 et d’un 24-70, je suis parti à Karlsruhe, une petite heure de route sans embouteillage pour une fois.
En arrivant Bert m’accueille, me donne les consignes et m’indique que pour Pothamus je pourrais monter sur scène pour faire des photographie. Cool !
Surprise, le P8 n’a pas ouvert la grande salle et c’est face au bar, sur une scène de quatre mètres par quatre, que va se dérouler la soirée. Je n’ai pas l’air con avec mon objectif 70-200 de compétition, dire que j’ai failli ne pas apporter le 24-70.
Alors que je déguste une bière avant d’attaquer les photos, Mattias M. Van Hulle, le batteur de Pothamus vient me voir pour me dire que c’est cool que je puisse faire des photos et que je peux monter sur scène tant que je ne fous pas le bordel dans les câbles. Vraiment cool. Mais comment lui expliquer que vu la taille de scène, je ne vais pas jouer à ça. Déjà, j’ai pour habitude de me faire oublier des musiciens et du public lorsque je photographie, ensuite, je me vois mal m’installer au milieu des musiciens sur une scène si petite.
Les lumières s’éteignent et le trio belge, après avoir brulé de l’encens, se lance dans dans shoegaze psyché complètement fumé du paillasson. D’ailleurs en parlant de fumée, la salle nage dans un brouillard dense et la scène est vaguement éclairée par quelques rares projecteurs.
D’ordinaire je m’autorise de monter jusqu’à 4000 ISO pour photographier, là je vais devoir monter à 10000 ISO et même ainsi je serais toujours en panique pendant la soirée. Une purée de poix. Alors désolé pour la qualité des photographies.
J’ai l’impression que Pothamus joue de manière plus soft en live qu’en studio avec moins de growl et plus de transe chamanique. Personnellement, cela me va parfaitement. Chaque musicien semble plongé dans son trip, surtout Sam Coussins, le chanteur et guitariste du trio. La section rythmique, tout particulièrement la batterie est ce que je préfère dans leur musique et là elle est carrément habitée. Après je suis assez mal placé pour profiter pleinement du son car la petite salle est bien remplie, alors je me suis casé dans un coin histoire d’avoir un champ dégagé.
Pothamus joue quasiment sans interruption leurs titres à rallonge, sans s’adresser une seule fois au public, plongés dans leur trip et les volutes épaisses de la machine à fumée. Moi, tant bien que mal, j’arrache quelques images à ce fog londonien irrespirable. Je recherche les rares éclaircies et les rayons de lumière pour capter un visage, une silhouette ou Michael Lombarts, le bassiste, qui est le seul à occuper la scène.
Leur set se termine trop vite à mon goût, en partie parce que je n’ai qu’une petite vingtaine de photos potentiellement exploitables et que j’aime beaucoup leur univers sonore.
Ils laissent la scène à HEMELBESTORMER, un quatuor instrumental de post-rock plus âgé et assez épais que j’ai rapidement survolé avant de venir au concert. Comme s’il n’y avait pas assez de brouillard, la technique en rajoute une couche. Cette fois, on ne voit pas à deux mètres. Les musiciens ont mis en place deux panneaux lumineux ésotériques qui encadrent le batteur et ils projettent des images de l’espace sur le fond de la scène.
Bon, vous savez, je ne suis pas post-rock, alors j’ai quelques craintes. Pourtant le mur de son répétitif des belges finit par chatouiller mes bouchons d’oreilles et je rentre dans leur prestation assez virile. Pour les photos, je suis carrément à la ramasse avant de trouver un réglage pour que l’autofocus fonctionne à minima et accroche quelque chose. Il fait sombre, les mecs bougent et c’est la purée de poix. Je me concentre sur un des guitaristes, celui qui est le plus proche de moi, faute de pouvoir attraper le batteur totalement noyé dans la fumée ou de choper l’ensemble du groupe.
Finalement j’aime bien leur univers musical et en rédigeant ce live report, j’écoute leur album Collide & Merge sorti en 2021. Le groupe joue jusque 23h30 et à la fin Bert me fait monter sur scène pour que je fasse une photo de la foule en liesse. J’ai fait ce que j’ai pu. Désolé Bert…
Après le concert, une fois le matériel remballé, je vais au stand de merch m’offrir Abur en vinyle et un teeshirt pour faire bonne mesure. Je devais revoir Mattias avant de partir pour échanger nos coordonnées mais il était pris dans une conversation avec les musiciens de HEMELBESTORMER et je n’ai pas voulu les déranger. J’espère qu’il recevra les photos.
Ce fut un chouette concert même si j’ai quand même bien galéré avec les photos. Grace au P8 je découvre régulièrement des groupes sympas qui sortent des sentiers battus et en plus j’ai mes entrées pour faire des photos ce qui devient assez compliqué de nos jours. Je vous recommande la salle et sa programmation. En plus les bières ne sont pas cher.
Les photos de Pothamus sont à découvrir sur mon compte Flickr comme celles de HEMELBESTORMER.
Aujourd’hui, nous allons parler métal progressif avec un groupe venu de Grèce, Hail Spirit Noir. Je suis tombé dessus grâce au moteur de recherche de Bandcamp. Sa pochette a attiré mon regard et le prix m’a décidé à acheter l’album.
Fossil Gardens est un concept album sorti en juin 2024 qui fait suite à Eden in Reverse et qui explore les secrets de l’univers. Pour paraphraser le groupe, il s’agit d’un combat philosophique et scientifique pour percer les secrets de l’univers et atteindre de nouveaux états de conscience qui défient les limites de l’espace et du temps.
La pochette représente un écorché humain fait de nacre, de corail rouge, de coquillages et d’une perle, avec, en arrière-plan, ce qui ressemble à une nébuleuse.
L’album lui livre sept morceaux de deux à dix minutes pour trois quarts d’heure de musique ou chant clair et growl se partagent la parole. La musique quant à elle scille agréablement entre BO de science-fiction et métal parfois bien appuyé.
Les claviers et le chant clair qui ouvrent ‘Starfront Promenade’, annonceraient presque un album de prog cinématique avant que la double pédale et le scream n’écrasent tout sur leur passage. De temps en temps le côté progressif reprend du poil de la bête, mais ne nous mentons pas, dans Fossil Gardens le métal domine largement.
L’unique instrumental ‘Ludwig in Orbit’, long de seulement deux minutes, et qui allie classique et synthwave, fait exception. Un intermède vocal numérique toujours bienvenu avec de replonger dans la tourmente de ‘Fossil Gardens’.
‘The Blue Dot’ est certainement le morceau le plus hurlé des sept. Après une très brève note éthérée, le groupe rentre dans le vif du sujet et ne redescend plus jusqu’à sa conclusion aux claviers cinématiques. C’est assez dense, surtout avec ce scream grave et la guitare mandoline saturée qui l’accompagne même si quelques choeurs tabassés par la double pédale donne une vague impression aérienne à mi chemin.
La pièce la plus longue de l’album s’intitule ‘The Road to Awe’. Vous lui trouverez probablement un côté Pink Floyd assumé façon The Division Bell. Mais comme pour ‘Starfront Promenade’, très rapidement le growl s’insinue dans une mélodie planante et le titre finit rapidement par s’énerver et virer au western spaghetti.
C’est évidemment cette dualité musicale, le thème science fictionnesque, la pochette sans parler du prix de vente au mois de mars qui m’ont séduits dans Fossil Gardens.
Il va falloir que je me penche à l’occasion sur leurs autres productions comme Mayhen in Blue sorti en 2016 ou bien Pneuma de 2012 pour voir si j’accroche autant.
Mais si vous n’avez pas peur des mélanges, allez jeter une oreille sur le Bandcamp de Agonia Records où j’ai déniché l’album.
Voilà deux années que je suis dans un club photo et l’heure est aujourd’hui au bilan.
J’y suis rentré dans le club par curiosité et parce que deux personnes que j’aime bien m’ont invité à venir voir ce qu’il s’y passait.
Cela faisait longtemps que je voulais rejoindre un club sans jamais avoir franchi le pas. Je voulais m’améliorer, apprendre, me confronter aux autres, découvrir des techniques, rencontrer des photographes et échanger. Je le veux d’ailleurs toujours.
Mais honnêtement, ce n’est pas ce que j’y ai trouvé. Tous les quinze jours, de 20h à 22h30, nous nous réunissons dans une salle pour suivre toujours le même rituel : critique croisée de deux photographies, projection et classement des clichés d’un challenge, présentation du travail d’un photographe, diaporama de vacances, blagues potaches, polémiques interminables sur le sexe des anges, annonces de concours et ou des résultats, prochaines sorties et organisation d’expositions.
Lors de ces assemblées il n’est pas question de technique photographique sorti des horizons inclinés, des capteurs mal nettoyés et des soleil au centre de l’image. Les membres ne parlent pas de matériel si ce n’est pour se moquer d’OM System et relancer de l’éternel combat entre Canon et Nikon. Pas un mot sur les nouvelles fonctionnalités des logiciels, sur l’art de la photographie, sur les nouvelles optiques ou le dernier boîtier. Il y a par contre beaucoup d’avis très tranchés sur les images présentées en séance.
Quelques membres sont des photographes aguerris avec du matériel de compétition, gagnants de concours, d’autres font des photos à la manière de souvenirs de vacances et enfin certains travaillent juste au smartphone. Ce ne sont d’ailleurs pas eux qui produisent les plus mauvaises images, loin de là et je me situe en bas du classement, malgré mon matériel. Il y a quelques photographes, un peu moins d’artistes et beaucoup qui se croient les deux.
Contrairement à l’association d’astronomie que j’ai rejoint à peu près à la même époque, j’ai l’impression de n’avoir pas progressé au club photo. Là où les astronomes amateurs guident, conseillent, critiquent, donnent de leur temps, partagent leur travail, leurs astuces, testent des nouveaux équipements, comparent, mes vieux potes photographes ergotent et progressent peu.
S’il est très agréable de partir en virée en groupe pour faire de la photographie, ce n’est pas ces jours là que l’on ramène les meilleures images. Et si j’ai réalisé quelques chouettes photos animalières, c’est lors de sorties en dehors du club, avec l’un de ses membres.
Si lors des réunions, nous avons de bonnes tranches de rigolade, souvent au dépend des autres, et qu’il est toujours sympathique de partager sa passion, j’ai tout de même l’impression de perdre un peu mon temps lors de ces soirées et chaque prétexte est bon pour ne pas y aller.
J’ai donc décidé d’arrêter les frais. Idéalement j’aimerais trouver un nouveau club pour essayer de progresser mais je n’ai pas encore trouvé de successeur qui allie à la fois proximité et intérêt.
Pour moi, la Rolls-Royce des objectifs de photographie de concert, c’est le 70-200 mm ouvert à 2.8. En réalité il s’agit plutôt d’un 4×4 tout terrain mais bon…
Le zoom commence assez large pour photographier un musicien de plein pied à 2 mètres de distance et permet également de réaliser un cadrage serré sur son visage sans bouger et sans changer d’ouverture.
Le 70-200 est un objectif lumineux, idéal pour les scènes peu éclairées à condition de choisir les bons réglages. Il permet de changer de focale sans avoir à bouger tout le temps et possède un bon compromis poids/encombrement pour sa focale. Évidemment, comme tous les zoom, il écrase les perspectives. Mais lorsque l’on photographie à F/d 2.8 avec une cible rapprochée, l’arrière plan peut rester assez nébuleux. D’ailleurs c’est une esthétique que je recherche dans mes photos de spectacle, dissoudre l’arrière plan qui n’est pas toujours très sexy. En plus j’aime beaucoup photographier un visage avec dans l’arrière plan une silhouette noyée dans le flou et à F/d 2.8 ça le fait généralement bien.
Je travaille également avec un 24-70 mm, mais je ne shoote avec que dix pour-cent de mes images lors d’un concert. Du coup, il sort de moins en moins du sac et lorsque j’ai besoin d’une vue d’ensemble, je me déplace avec le 70-200. C’est presque que plus simple que de jongler avec deux boîtiers.
Un 70-200 pèse 1,5 Kg, ne s’allonge pas lorsque l’on zoome, ne change pas d’ouverture non plus et accroche relativement bien les sujets, même dans une salle de spectacle.
Nikkor Z 70-200 2.8 s
Depuis 6 ans je travaille avec un Tamron G2 pour monture Nikon F auquel je fixe une bague FTZ pour photographier avec les hybrides Nikon (pour passer d’une monture F à une monture Z). Cela rallonge le tube et ajoute du poids à l’ensemble mais cela fonctionne très bien.
J’avais toutefois envie de changer pour un objectif plus récent, de préférence en monture Z. Nikon propose en ouverture 2.8 constante le 70-180 et le 70-200. Le 70-180 est léger mais de diamètre inférieur (67 mm) et le tube s’allonge lorsque l’on zoome ce qui peut être déstabilisant dans le feu de l’action. Le 70-200 possède un diamètre supérieur (77 mm) et ressemble au Tamron. Hélas il est nettement plus cher. Déjà que le 70-180 était onéreux, là c’est exorbitant, un mois de salaire de fonctionnaire catégorie B avec les primes.
J’ai essayé le 70-180 mm dans un magasin et j’ai finalement acheté le 70-200 en ligne. Pour quelle raison ? D’abord parce que ma femme n’a pas opposé d’objection particulière, ensuite parce que je ne voulais pas baisser en gamme par rapport au Tamron G2, enfin parce que Nikon proposait une grosse promotion dessus jusqu’à fin mars. Certes, c’est du très grand luxe lorsque l’on considère le nombre de spectacles que je couvre par an, mais j’avais envie de me faire plaisir.
Tamron avec FTZ et Nikkor
Le Nikon Z 70-200 2.8 s ressemble globalement au Tamron 70-200 2.8 G2. Même diamètre de 77 mm, même poids, même taille. Le diaphragme est de neuf lamelles pour offrir un joli bokeh bien rond. Le Nikon possède 21 élément en 18 groupes contre 23 en 17 groupes pour le Tamron.
Sur le Nikon, le bouton personnalisé L-Fn2 est parfaitement positionné pour qui tient l’objectif de manière à jouer sur le zoom. Je lui ai immédiatement attribué le crop FX/DX pour me rapprocher du batteur toujours planqué au fond de la scène. Le L-Fn situé plus près du boîtier est plus accessible lorsque l’on vise avec l’écran, il a donc naturellement hérité de l’affichage de l’horizon artificiel très utile dans cette position. Quant à la bague la plus proche du capteur, je lui assigne toujours le réglage des ISO pour avoir mes trois composantes du triangle d’exposition dans la main droite. Après elle n’est pas franchement facile à attraper cette petite bague mais bon.
Tamron
Le Tamron dispose de quatre boutons : mise au point de 3 m à l’infini ou de 0 à l’infini, mise au point manuelle ou automatique, stabilisation et mode de stabilisation. Le Nikon n’en a que deux sans parler des deux boutons personnalisables : mise au point de 5 m à l’infini ou de 0 à l’infini, mise au point manuelle ou automatique.
Nikkor
A 70 mm la mise au point mini est de 50 cm et à 200 mm elle est de 1 m ce qui en concert me convient parfaitement sauf si le chanteur vient hurler juste devant l’objectif (ça m’est déjà arrivé). C’est 40 cm de mieux que le Tamron à 70 mm mais 10 cm moins bien à 200 mm. L’objectif pèse son poids avec tout de même 1.4 Kg mais c’est 300 g de moins que le Tamron équipé de la bague FTZ indispensable pour travailler avec un hybride Nikon. Par contre il a sensiblement la même taille à savoir 22 cm.
Un des bons points du Nikon vient de ce pare soleil que l’on peut verrouiller (j’ai perdu celui du Tamron lors d’un festival de métal). Un autre point appréciable, c’est la bague de fixation du trépied qui est facilement escamotable et propose deux points d’ancrage. La course du zoom est un peu longue (1/4 de tour) mais cela reste gérable. Les deux objectifs ouvrent de 2.8 à 22 constant et zooment sans allongement du tube.
Pour les photographes de concert qui craignent les éclaboussures de bière et les postillons de chanteur, notez que le Nikon est tropicalisé ce qui signifie qu’il supportera mieux l’humidité et la poussière. Par exemple si vous aimez photographier les tempêtes sur la digue de Saint Malo, le Nikon 70-200 devrait être un bon compagnon de voyage. Vous n’aurez pas forcément besoin d’avoir les pieds dans l’eau avec sa focale et vous craindrez moins les embruns.
Nikon annonce un gain de 5 stops avec la stabilisation. J’ai testé pour le fun à main levée une focale de 200 mm au 1/30 s alors que normalement je devrais, sans stabilisation, shooter au moins à 1/250 s, et rien à signaler, pas de tremblotement. Évidemment, il n’est pas courant que je photographie un guitariste ou un batteur en pleine action au 1/30 s pour éviter un clonage des musiciens sur la pellicule.
Difficile de départager le Tamron à gauche du Nikon à droite avec une photo prise avec un trépied. Evidement à main levée, le Nikon fera la différence avec sa stabilisation, son poids plume et son autofocus plus réactif.
J’ai inauguré le Nikon 70-200 avec le concert de Mostly Autumn chez Paulette et sur 150 photos il n’y a pas aucun déchet ce qui est très rare en live. Autant dire que l’objectif s’est très bien comporté.
Il y aura ensuite Weather Systems, Mystery et puis Toïtoïtoï qui ont programmé deux spectacles en fin d’année. Cela ne va pas rentabiliser la bête, mais au moins je vais m’en servir un peu.
Aujourd’hui je vais vous présenter le groupe Everon et son dernier album Shells. Everon est une formation allemande de rock progressif née dans les années quatre-vingt dix qui n’avait pas donné de nouvelles depuis l’album North sorti en 2008. Du rock progressif symphonique à tendance grandiloquente chanté en anglais.
Shells, sorti seize ans après North, compte pas moins de douze titres dont un grand format final de presque quinze minutes. Alors asseyez-vous confortablement devant votre hifi avec une bonne bière pour l’écouter, car vous allez rester assis pendant soixante onze minutes.
Certaines mauvaises langues disent que je vis trop près de la frontière allemande et que cela a une mauvaise influence sur mes goûts musicaux. C’est vrai, j’avoue, j’aime beaucoup le rock progressif d’Outre Rhin, et ça depuis des années.
Les musiciens de Everon ne sont plus tout jeunes tout comme leur musique qui ne va pas insuffler une nouvelle dynamique à un genre passé de mode. Mais, sans se vautrer dans la nostalgie des seventies, le groupe propose un rock progressif symphonique qui emprunte de nombreux éléments au folk et même du métal.
Les morceaux dégoulinent d’orchestrations symphoniques avec force de violons, de piano, de flûtes, rien de franchement épuré et même parfois limite pompier.
C’est ‘No Embrace’, le premier morceau de l’album qui m’a donné envie de découvrir Everon. Des guitares lumineuses posées sur des claviers symphoniques propulsent un chant solaire. La musique emprunte autant au prog symphonique qu’au folk, le tout avec beaucoup d’emphase, rappelant souvent The Ancestry Program et Neal Morse.
Par contre le ‘Broken Angels’ m’a fait très vite douter avec son style lent à la frontière d’une complainte chantée par Demis Roussos vers la fin de sa carrière. Disons que le contraste est saisissant jusqu’au refrain façon oriental qui remet les pendules à l’heure. Maintenant, je l’écoute sans sourciller.
Une fois que l’on est prévenu que Shells ose le kitsch, le pompier et le symphonique programmé, on peut continuer à écouter l’album beaucoup plus sereinement.
En fait, avec Everon je retrouve un peu l’esprit de ASIA, TOTO et des super groupes du même tonneau. Il y a quand même ‘Grace’ qui atteint la limite de ce que je suis capable d’endurer, surtout à cause du chant féminin qui me met mal à l’aise avec son approche quasi lyrique.
Du folk à la musique médiévale il n’y a qu’un pas que le groupe franchit allègrement avec ‘Pinocchio’s Noise’ chanté à deux voix. Une fois encore le symphonique rencontre la musique traditionnelle et c’est assez bluffant de voir comme tout cela est parfaitement arrangé.
Et lorsque l’on découvre ‘Flesh’ et ses quatorze minutes et vingt-cinq secondes, on ne peut que constater que Everon est très à l’aise avec les compositions, même dans leur forme longue. Le titre est une machine de guerre prog symphonique qui vous vole quinze minutes de votre vie sans que vous vous en rendiez compte. Un morceau absolument magistral à la manière de Transatlantic.
Malgré quelques petits dérapages ici où là, Shells est un album qui renoue avec le prog fleuve à grand spectacle. Donc si vous aimez le genre, allez l’écouter, vous ne serez pas déçu.
Entre de multiples déplacements dans le Grand Est pour le travail, une nuit tardive au Champ du Feu, un régime draconien avant une prise de sang, un concert Chez Paulette, ce foutu passage à l’heure d’été et un nouveau rhume qui m’est tombé dessus samedi, j’ai une sévère gueule de bois.
Par chance j’avais enregistré ma Chronique en Images mercredi et j’ai encore deux albums d’avance dans les tiroirs. Parce que je serai bien incapable d’analyser quoique ce soit en ce moment. J’écoute en boucle un disque de métal grec depuis presque une semaine sans être capable d’écrire une ligne à son sujet. Je me traîne du canapé au lit, le ventre creux, le nez bouché et les paupières lourdes, lisant quelques pages d’un roman avant de sombrer dans les bras de Morphée pour une heure ou deux.
Les prévisions annoncent du ciel clair pour la semaine, mais étant donné mon état et un nouveau déplacement programmé à Reims puis à Langres, je ne sais pas si j’aurais le courage de sortir la lunette pour la nuit.
Ne vous y trompez pas, je ne me plains pas. Je m’éclate entre la photographie, la musique et l’astronomie (le travail c’est une autre affaire). Mais la privation de fromage, de biscuits, de sucreries et de grignotage entre les repas met à rude épreuve ma volonté.
Mon généraliste s’inquiète du bon fonctionnement de mes reins, de mon taux de cholestérol. Mon urologue s’inquiète du niveau de mes PSA et moi pour mon estomac qui gargouille. J’ai déjà perdu deux kilos en quinze jours en évitant la pause café de neuf heures avec les collègues et en bannissant les biscuits et le comté de la liste des courses. Par contre je bois de l’eau, beaucoup d’eau, des litres d’eau, ce qui fait de moi un homme fontaine.
Vous n’avez rien à déclarer ? J’ai faim. Qu’est-ce que vous avez là ? Un creux.
Tout ira mieux après la prise de sang. Je pourrais boire de la bière à la place de l’eau, me jeter sur les plateaux de fromages avec un verre de vin et du pain, et me bâfrer de viennoiseries. Certes je triche un peu, mais qui a envie de passer au bloc, de prendre un traitement supplémentaire ou de recommencer toute une batterie d’examens douloureux et intrusifs ? Vous ?
Vendredi si tout va bien, je pourrais reprendre un régime gascon et monter au Champ du Feu refaire la photographie de la nébuleuse de la méduse que j’ai lamentablement gâchée vendredi dernier en croyant bien faire. Presque 4h d’images bonnes à mettre à la poubelle en voulant pousser trop loin la sensibilité de la caméra. Je monterai avec un gros bout de fromage, du pain, des tranches de cake aux fruits confits et une bière rousse pour faire tout passer.
Le café concert, perdu dans la campagne de Toul, a rouvert ses portes après une longue absence et l’association ArpegiA, qui organise des concerts de rock progressif dans ce lieu assez unique, a pu reprendre son activité restée trop longtemps en suspens. Et pour débuter la saison comportant trois dates, c’est le groupe Mostly Autumn qui était à l’honneur.
Et ne nous mentons pas, je ne suis pas un fan de Mostly Autumn. Mais l’occasion était trop belle de retrouver mes amis lorrains et de les soutenir avec mes petits moyens, une association qui fait beaucoup pour le rock progressif dans notre région.
J’ai écouté le dernier album en date du groupe intitulé Seawater, et sorti du dernier morceau, je n’ai pas été franchement emballé. Pour corser le tout, je m’étais couché le jour même vers 3h00 du matin après une longue nuit étoilée.
Plus de deux cents personnes avaient répondu présent à l’invitation d’ArpegiA, un bon début de saison pour l’association qui se poursuivra avec le groupe Weather Systems le 23 mai et Mystery le 25 octobre.
Comme dit plus haut, je ne suis pas un inconditionnel de Mostly Autumn et leur nouvel album ne m’a pas laissé de souvenir impérissable. Je n’avais donc pas de grosse attente pour ce concert et finalement j’ai été agréablement surpris. Même si certains titres sont un peu faciles façon Floyd cover, si les soli de guitares sont d’un grand classicisme, le groupe assure un show bien rodé et plusieurs morceaux, dont le long ‘Seawater’, m’ont transporté. J’ai beaucoup aimé les passages où le folk rencontre et prog et un peu moins les moments où la batterie cogne sur les fûts.
Sur scène sept musiciens, deux guitaristes, un bassiste, un batteur, un clavier, une chanteuse et caché dans un coin une flûtiste jouant également des claviers. La petite scène de Chez Paulette est bien chargée. Alors sorti de la chanteuse qui bouge et fait le show, le spectacle reste assez statique. Ceci dit Alex Cromarty, le batteur, semble bien s’éclater pendant que ses comparses restent très concentrés.
C’est un concert à trois voix avec évidemment Bryan, Olivia et Chris, le second guitariste, à la voix fluette. Le chant d’Olivia, qui ne m’avait pas emballé outre mesure sur Seawater, m’a agréablement chatouillé en live, comme quoi on peut être parfois surpris.
J’ai reconnu plusieurs titres de Seawater pendant le concert mais étant donné que je ne possède que deux albums de Mostly Autumn à la maison, ne m’en demandez pas plus sur la setlist de la soirée. Un show avec entracte et pas de première partie pour pas loin de trois heures de musique qui ont passé très vite malgré la fatigue.
J’ai en plus, comme toujours, retrouvé plein de connaissances que je n’avais pas croisé depuis longtemps, un des charmes de Chez Paulette qui est un peu ma seconde maison du rock progressif.
Je me rend compte avec horreur en écrivant ces lignes, que plusieurs des musiciens de Mostly Autumn jouent ou ont joué également dans Riversea, un groupe que j’aime beaucoup. J’aurais dû rester après le concert pour taper la discute avec Alex et Iain. Mais bon, j’avoue qu’à 23h30, mes yeux commençaient sérieusement à piquer et il me restait encore deux heures de route devant moi avant de me coucher.
Ce fut une très belle soirée, alors merci à ArpegiA de nous proposer ces concerts et merci à Mostly Autumn pour leur belle performance.
Vous trouverez toutes les photos du concert sur mon compte Flickr.