Mystery Chez Paulette

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Nos amis canadiens de Mystery jouaient Chez Paulette samedi dernier. La seconde date de leur tournée européenne après le Spirit et avant d’attaquer le Z7. 

C’était la troisième fois que l’association ArpegiA les invitait. Et cette année, ils fêtaient les dix ans de l’album Delusion Rain. Un évènement à ne pas manquer. D’ailleurs le public l’avait bien compris puisque la salle était quasi comble.

ArpegiA m’avait convié à la fête, et donc dès 15h j’étais Chez Paulette, à Pagny Derrière Barine, après deux heures de route depuis Strasbourg. Le temps de saluer tout le monde sans céder au bisou lorrain de rigueur – j’avais un bon rhume et je n’étais pas le seul loin de là – Mystery débarquait dans le petit village, transformé le temps d’une nuit, en temple du rock progressif.

C’était la première fois que je rencontrais le groupe en civil et que j’assistais à leurs balances. De biens belles personnes, très professionnelles avec une bonne dose d’humour, qui une fois le boulot terminé se mêlèrent naturellement aux personnes présentes dans la salle cet après-midi là pour discuter. Le temps de faire quelques photos, parler à droite et à gauche, de Bretagne, de photographie, de Danny Cavanagh, il était temps de passer à table avec les artistes.

Une grande table en L où artistes, organisateurs, techniciens et invités se retrouvaient pour le dernier break de la soirée avant l’ouverture des portes.

Sylvain qui a vécu longtemps en France, retrouve de la famille et sa maîtresse de CP venue l’écouter jouer ce soir. On évoque à plusieurs reprises le mémorable passage de Weather Systems Chez Paulette, je discute de photographie et de réglages avec Andres qui s’attelle à produire des images de com pour Mystery depuis peu.

A 20h, les portes s’ouvrent et la foule impatiente envahit la salle. Je retrouve plein de têtes connues que je salue à distance faute de pouvoir m’en approcher. Et puis Mystery arrive et le travail commence pour moi : photographier. On dira ce que l’on veut, mais réaliser des photos de concert acceptables reste un travail, très physique d’ailleurs lorsque l’on trimballe cinq kilos de matériel pendant plusieurs heures.

J’avoue qu’il ne me reste peu de souvenirs de la première partie du concert. Je me souviens d’un titre de Rédemption, leur dernier album et c’est presque tout. Le son est fort, trop fort à mon goût, par contre il est de qualité. D’ailleurs les membres du groupe salueront le travail de l’ingé son et lui proposeront même de les suivre sur la tournée.

Mystery semble en grande forme. Leur envie de partager la musique avec leurs cousins francophones est palpable. Jean et Sylvain bougent beaucoup, Jean-Sébastien, malgré un bandage au coude gauche, assure derrière les fûts, il m’offre même quelques poses pour l’objectif. Et si Antoine n’est pas là, congé paternité oblige, il trouve en Johnny un digne remplaçant.  Ce n’est pas non plus la première fois qu’il tourne avec le groupe. François, à la basse est un peu caché au fond à droite, assis le plus souvent sur son tabouret. Il jouera tout de même debout de temps en temps en duo avec Sylvain. Reste la guitare d’or du groupe, Michel, tout à gauche de la scène, que je n’aurais hélas pas souvent l’occasion de photographier faute de vrai mobilité dans la salle vue l’affluence.

Après être resté plus d’une heure sous les enceintes à photographier le groupe, je m’éloigne du premier rang pour profiter de la seconde partie du show. Mystery nous rejoue Delusion Rain pour mon plus grand plaisir, alors je ne vais pas m’en priver. Un album clé dans la carrière du groupe, puisque c’était le premier avec leur nouveau chanteur Jean Pageau qui est avec eux depuis cette date. Inutile de dire que je me délecte du titre album, de ‘The Willow Tree’ long de vingt minutes, et du final ‘A Song For You’. Car je trouve que Mystery brille particulièrement dans la forme longue.

Vers la fin du concert, pendant les incontournables rappels, Andrés me tombe dessus genre catastrophé, son boîtier Canon a un problème et il doit réaliser la photo du final avec le groupe et le public. Il m’entraîne sur la scène, derrière la batterie, pour immortaliser cet ultime moment du concert. J’avoue que j’adore ça, j’ai honte mais j’adore le faire, monter sur scène et photographier le public et les musiciens (qu’on se le dise). 

À la fin du concert, je m’offre Rédemption en édition vinyle et je retrouve pas mal de connaissances et d’amis pour une dernière discussion de prog-heads.

Il est trois heures du matin lorsque je retrouve la couette douillette de mon lit. Deux heures en fait, puisque nous passons à l’heure d’hiver. Je ne dormirai pas beaucoup puisque j’avais promis à Andrés de développer la photographie finale rapidement pour que Mystery puisse en disposer pour sa com. Du coup j’ai continué avec les images du live. À midi, tout était en ligne.

Ce fut un très beau concert et une nouvelle fois de belles rencontres. Merci à Mystery, aux Enfants de Paulette et à ArpegiA de rendre possible ce genre d’événement. On se retrouvera Chez Paulette le 3 avril 2026 pour Lazuli et puis le 23 mai pour un concert encore surprise.

Vous pouvez regarder toutes les photos sur Flickr.

HamaSaari au P8

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À votre avis, qu’est-ce que cela fait de se retrouver tout seul en Allemagne en milieu de semaine dans une petite salle de concert pour écouter un groupe que vous connaissiez à peine ?

Ben rien, c’est ma routine, mais pour HamaSaari j’ai fait fort. Une tempête menaçait de balayer la France cette nuit, je bossais le lendemain et samedi je partais à 200 km de la maison pour écouter Mystery Chez Paulette. J’allais être sur les rotules.

HamaSaari est un groupe français que j’ai découvert par hasard sur Bandcamp et lorsque que j’ai vu qu’ils jouaient au P8 le mercredi 23 octobre, j’ai contacté le tenancier de la salle pour obtenir une accréditation photo.

Arrivé sur place,à l’avance comme toujours, j’ai pris une bière, pas un panaché cette fois (je progresse même si la bibine ressemblait affreusement à une Heineken), et je me suis installé dans un coin en attendant la musique. 

Je ne sais pas si c’est l’appareil photo qui a provoqué ça, toujours est-il que deux allemands très sympathiques sont venus taper la discute avec moi en faisant l’effort de parler en français et en anglais. Du coup, le concert est arrivé très vite et je me suis senti moins seul (mon pote Seb profite d’une lune de miel au soleil).

On ne va pas se mentir, il n’y avait pas grand monde à assister au concert, tout au plus une trentaine de personnes rassemblées plus près du bar que de la petite scène.

La première partie, était assurée par le groupe allemand VELDT VOID que j’ai rapidement écouté en streaming. Un quatuor de hard rock psyché assez classique. Leur musique n’a pas inventé la poudre mais j’ai bien aimé certains de leurs morceaux comme ‘The Son of Man’ tiré de leur premier album du même nom.

Sur scène par contre c’est affreusement statique et le chanteur, en col romain, va rester pendant tout le set dans l’obscurité.

Le quatuor français HamaSaari prend la suite des opérations vers 21h30. Ils sont également quatre. Une basse, une guitare rythmique et chant, une lead et la batterie.  D’emblée l’énergie n’est pas la même. Si leur musique est relativement acoustique, Jordan ne reste pas statique devant son micro, loin de là, il vit la musique. Et malgré le peu de public, le groupe donne tout. Leur album Ineffable, que j’ai écouté en boucle avant de venir, rend encore mieux en live. Les quelques nouveaux titres qui figureront sur leur prochain album, me semblent plus musclés sans atteindre la tension de ‘White Pinacle’ toutefois, certainement le titre le plus agressif de leurs compositions.

Jordan s’adresse aux spectateurs en anglais, salue l’incarcération de Nicolas Sarkozy, parle d’écologie, des sujets qui me touchent comme leur musique. Bref c’est un énorme kiff, genre coup de foudre.

Ils finissent leur performance après un dernier rappel, le public chauffé à blanc en redemande, c’était trop court.

Je retrouve le groupe au stand de merch comme une groupie, on discute quelques minutes avant que je ne craque pour un teeshirt et leur vinyle. Le principe c’est paye ce que tu veux (à condition d’être raisonnable tout de même), et j’ai du l’être puisqu’ils m’ont offert en bonus le vinyle WontTheyFade? de leur précédent groupe Shuffle que j’avais chroniqué fin 2018. C’est en écrivant ces lignes que j’ai fait le rapprochement entre les deux groupes… La vieillesse est un terrible naufrage.

Cette petite soirée au P8 est sans doute un de mes meilleurs concerts de l’année, plein d’émotions, de chouettes rencontres dont Stephan, un des gérants de la salle avec qui j’ai également discuté avant de partir.

Merci au P8 de permettre ce genres de concerts, merci à HamaSaari d’exister et de nous offrir leur musique, j’espère les revoir très bientôt avec plus de public cette fois.

Les photos de VELDT VOID sont ici : https://flic.kr/s/aHBqjCypJ7

Celles de HamaSaari ici : https://flic.kr/s/aHBqjCysPT

Dissona – Receptor

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Dissona est un quatuor de métal progressif né à Chicago en 2006. Leurs membres n’ont composé pourtant que trois albums et un EP entre 2012 et 2025.

Receptor, sorti le premier octobre, est la continuation très attendue de Paleopneumatic édité neuf ans plus tôt. On parle ici de près d’une heure de musique et onze morceaux de deux à huit minutes.

Dissona joue d’un métal progressif à deux voix mêlant symphonique, cinématique, oriental et électro à sa musique relativement grandiloquente.

L’album est long et me paraît relativement chaotique, et ce malgré de nombreuses écoutes. Disons que je peine à trouver un fil conducteur musical. A plusieurs moments, j’ai l’impression qu’il va se terminer, alors que non, il repart pour un tour.

‘Shadow Consumation’ compte parmi les titres les plus calmes de l’album. Il n’y en a pas beaucoup, donc autant le souligner. Le morceau, long de sept minutes dix, fait penser au travail de Tool dans leurs premières années.

A côté de cela, on trouve ‘Incisor’ suivi de ‘Haimatox’, deux pièces électros par excellence. Et que dire de ‘Weaponized’ où vous allez entendre de grandes orgues sonner au milieu d’une pièce de métal symphonique. ‘Sufuse’, long de cinq minutes, donne pour sa part dans un métal oriental des plus classiques. Et ne me demandez pas pourquoi ce choix musical, je n’ai pas fait l’effort de me plonger dans les paroles en majuscules.

Vous entendrez également deux courts instrumentaux d’environ deux minutes intitulés  ‘Becoming Home’ et ‘Haimatox’.

Si vous cherchez un bon exemple du côté bordélique de l’album, vous l’entendrez dans ‘It Will Drown’. Un titre à la limite du grotesque, à la musique hachée et au chant très étrange.

Comme vous le voyez, l’album est pour le moins varié, trop peut-être à mon goût, ce qui renforce cette sensation de chaos que je ressens à chaque fois.

Malgré son côté brouillon, j’aime bien Receptor, sa pochette intrigante, le logo du groupe et la puissance qui se dégage de leur musique.

Pour une fois, c’est de l’électro métal qui n’est pas chanté par un castrat. Et puis les albums grandiloquents, limite too much, j’ai toujours adoré. Donc n’hésitez pas à y jeter une oreille ou deux à l’occasion, il est sur Bandcamp.

Dark Matter

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Jason, prof de science dans une faculté à Chicago, est marié à Daniela avec qui ils ont eu un enfant aujourd’hui adolescent.

Un soir d’automne, en rentrant d’une soirée organisée en l’honneur de son ancien colocataire de fac qui vient de recevoir un prix, Jadon se fait kidnapper et droguer par un inconnu dont la voix lui est familière. Lorsqu’il se réveille, avec une belle gueule de bois, il n’est plus dans le même monde.

Dans Dark Matter, Wiliam Blake Crouch réinvente le thème de l’amour et des univers parallèles en posant la question des choix que tout un chacun fait au cours de sa vie.

Je ne serai pas surpris que quelqu’un me dise que l’écrivain américain a quitté la femme de sa vie un jour pour suivre d’autres chimères et regrette maintenant ses choix. 

Car dans Dark Matter, Jason, son personnage principal, ne cherche qu’une seule chose : retrouver sa vie d’avant, celle qu’il avait avant de se faire kidnapper. Il veut juste retrouver sa femme et son fils. Sauf que c’est compliqué.

Le roman s’apparente à La Machine à Remonter Le Temps, Un Jour Sans Fin, Edge Of Tomorrow et un thriller haletant. 

Il parle de ce qui aurait pu arriver en faisant d’autres choix dans la vie, quel aurait été la vie de Jason s’il s’était consacré à la recherche au lieu d’épouser Daniela, il parle des infinités de conséquence qu’une simple décision peut entraîner dans une vie, ces infimes petits battements d’ailes de papillon qui déclenchent une tempête à l’autre bout de la Terre.

Le début du livre est vraiment époustouflant, l’intrigue comme la narration. Puis viennent les séjours dans ce couloir infini avec toutes ses portes qui s’ouvrent sur des mondes possibles. Cette seconde partie, qui devient assez répétitive, finit par porter ses fruits et mieux nous faire comprendre qui est Jason et ce qu’il désire avant tout, en explorant des thèmes classiques des univers parallèles. 

Au bout de ce voyage, il y a le dernier monde avec la surprise qui ressemble tout d’abord à une grande farce, pour finir par convaincre le lecteur de toute sa raison d’être.

Lorsque l’on se plonge dans Dark Matter, il est impossible de lâcher ses pages, une lecture addictive malgré son petit ventre mou dans la seconde partie du roman. Je l’ai dévoré en quelques jours (un exploit pour moi) et je vous le recommande vivement.

Deux caméras

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iMovie

J’ai deux boîtiers photo. Ce sont mes outils pour les concerts. Un appareil armé d’un 24-70 et l’autre d’un 70-200 pour couvrir une large focale lors des concerts sans à avoir besoin de changer d’objectif en pleine action.

Pour mes Chroniques en Images j’utilise d’ordinaire le Nikon Z6 avec un 35 mm sur trépied derrière un prompteur. L’image est fixe, en face de ma trombine, ce qui donne quatre minutes avec le même plan, sachant qu’il faut varier le cadrage toutes les 30 secondes pour ne pas endormir le spectateur. 

Jusqu’à présent, je recadrai l’image, zoomant quelques secondes pour casser la monotonie de la vidéo. Beaucoup de youtubeurs le font depuis longtemps (je n’ai rien inventé). 

Mais une idée me titillait depuis longtemps, celle d’utiliser mon second appareil photo pour filmer avec deux caméras et proposer un second point de vue. Comme je filme mes chroniques toujours un peu à la bourre, je n’avais jamais encore essayé. La chronique de Soulshine aura été l’occasion d’expérimenter la chose pour la première fois.

Il faut comprendre que la tâche n’est pas des plus simple. Déjà je ne possède qu’un seul trépied assez haut pour filmer. Ensuite je n’ai qu’un retour vidéo, mon iPhone en l’occurrence, donc je ne vois que l’image d’une seule caméra, celle de face. Je ne contrôle à distance, de la même manière, qu’un seul des deux boîtiers. Enfin les appareils sont différents comme les objectifs utilisés, d’un côté un Z6 II avec un 35 mm ouvert à f/d 2 et de l’autre un Z8 avec un zoom 24-70 ouvert à f/d 2.8. Du coup les deux images ne possèdent pas le même rendu. 

Le cadrage se fait à l’aveugle pour la seconde caméra. L’éclairage et le décor n’ont été étudiés que pour une caméra. Les images des deux setups ne sont pas vraiment harmonisées et il faut synchroniser les deux vidéos afin d’éviter un décalage du son.

J’ai posé le Nikon Z8 sur un mini trépied de voyage posé lui-même sur un tabouret et j’ai cadré tant bien que mal en me filmant à l’aveugle. 

J’ai lancé la capture vidéo du Z8, me suis installé face caméra, j’ai ensuite lancé la capture du Z6, déclenché le prompteur, fait un clap comme au cinéma, pour avoir un point de repère de synchronisation, puis j’ai lu mon prompteur. Globalement cela a été relativement simple.

C’est au montage les choses se sont corsées. Je travaille toujours avec le logiciel Apple iMovie qui est très bien pour un montage vidéo simple mais qui montre rapidement ses limites dès que l’on complique le projet. Déjà caler les deux vidéos sur le clap n’a pas été une mince affaire. Ensuite essayer d’harmoniser les deux images à été un véritable enfer, d’ailleurs je n’y suis pas vraiment arrivé.

Ne pouvant regarder le flux des deux vidéos en même temps, j’ai incrusté celui du Z8 sur l’image de face. Cela me permettait de choisir la caméra en fonction de l’avancement de la vidéo. L’autre souci, c’est qu’avec iMovie, je ne dispose que de deux time lines d’images. Si je veux incruster une photographie, je dois découper mon second flux vidéo et je ne peux pas incruster une image sur la vidéo de la seconde caméra.

Il m’a fallu plus d’une heure pour arriver à un montage peu satisfaisant. L’angle de cadrage au 3/4 est trop bas et mon visage trop en avant. L’image est plus contrastée et ce n’est pas vraiment le rendu que j’espérais. Mais au moins j’ai essayé. Je ne suis pas suffisament motivé actuellement pour changer de logiciel de montage, m’acheter un second trépied, un second retour ou revoir mon éclairage mais je vais faire une nouvelle tentative, parce que je trouve que ça rend la chronique plus vivante malgré tout.

Pour le trépied, j’ai trouvé une solution en recyclant celui d’un projecteur LED. Pour le retour, je vais essayer d’utiliser l’ancien iPhone SE de mon épouse en espérant qu’il fonctionne encore. Reste à trouver un angle de vue plus adapté que celui que j’ai choisi pour Luke Machin et à mieux harmoniser la colorimétrie des deux vidéos.

N’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, je suis curieux de connaître votre avis sur ce nouveau test.

Luke Machin – Soulshine

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Il y a cinq ans, j’ai participé au financement du premier album solo d’un artiste que j’aime beaucoup. Il est le membre fondateur du groupe Maschine qui n’a accouché hélas que de deux albums dont l’excellent Rubidium en 2013 et il a joué entre autres dans les groupes Damanek et The Tangent. Je veux parler bien sûr de Luke Machin.

Après une très longue attente – j’avais même oublié l’avoir commandé – son album Soulshine a enfin vu le jour, et surprise, ça n’est pas du prog, loin de là. En fait, Luke a composé dix morceaux, de une à douze minutes, que je n’aurai certainement pas écoutés en temps normal. Car on parle ici de funk, de soul et de jazz.

Si Soulshine est un album solo, vingt invités ont tout de même contribué à son enregistrement.  Pour n’en citer que quelques-un, vous entendrez Guthrie Govan, Marco Minnemann, Daniel Gildenlow, Jonas Reingold, Peter Jones, Andy Tillison, Robert Reed ou encore Marek Arnold.

Est-ce que j’aime vraiment la soul, le funk et le jazz ? La réponse est non. Mais vu qu’il y a cinq ans, j’avais donné carte blanche à Luke Machin pour composer un album, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même aujourd’hui.

Il est quand même amusant d’écouter Peter Jones dans ‘Blossom’, Daniel Gildenlow sur ‘Parisian Rooftops’ ou Guthrie Govan se lâcher dans ‘Final Boss’. Même si tout cela n’est pas vraiment ma came. Les musiques dansantes, ensoleillées ou jazzy n’ont jamais su chatouiller mon âme. Je carbure aux trucs pluvieux, sombres et sinistres de préférence.

Rien que le nom de l’album, Soulshine, me donne des boutons, quant à la pochette aux couleurs flashies représentant des personnes heureuses en maillot de bain abusant de cocktails dans piscine au coucher du soleil, que dire…

N’empêche, passé le premier rejet épidermique (oui, j’exagère un peu), en fait passé les cinq premiers titres vraiment trop festifs pour moi, Soulshine à parlé à mon âme. Je pense que le soleil venait de se coucher sur la piscine quand Luke les a composés. ‘Parisian Rooftops’, ‘Blossom’ et même la première partie du pourtant très jazzy ‘Wild Roses’ et dans une moindre mesure ‘Turn Around’, ont chatouillé mes oreilles.

La délicieuse voix d’Anita Dondorff n’est pas étrangère à mon plaisir et le talent des musiciens qui jouent avec Luke contribuent également beaucoup à cette immersion dans un univers sonore qui m’est relativement inconnu.

Au fil des écoutes, j’ai réussi à m’approprier un peu plus ces atmosphères relativement festives, mais pas à tomber amoureux.

Soulshine existe en deux éditions, et naturellement la slowed, comprenez ralentie, a ma préférence, surtout pour les premier morceaux. Mais du coup elle est un peu plus longue, avec soixante quinze minutes jazzy et funky au compteur tout de même.

Vous pouvez découvrir ça si le cœur vous en dit sur Bandcamp. Pour ma part, je suis rapidement passé à autre chose.

Norferville

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Norferville est une ville imaginaire du grand nord canadien. Une ville construite à proximité d’une mine de fer et d’une réserve autochtone innu. Une ville où le mercure descend sous les moins quarante degrés Celsius et où les habitants deviennent rapidement fous. 

C’est là qu’est retrouvé le corps atrocement supplicié de Morgane Schaffran, la fille d’un criminologue de Marseille. 

La lieutenant Leonie Rock, une jeune femme métis, qui a fuit cette ville minière à l’adolescence, est dépêchée à Norferville pour enquêter sur ce qui ressemble à un crime abominable.

Teddy Schaffran, le père de la victime, et Leonie, vont joindre leurs efforts et leurs compétences pour résoudre cette sordide affaire dans cette petite ville isolée, située à treize de train de toute forme de civilisation et peuplée de rudes mineurs et d’autochtones vivants au ban de la société.

Le roman de Franck Thillez vous entraîne à un rythme soutenu plein de rebondissements dans cet enfer glacé où certains hommes sont des bêtes. 

Mêlant à sa fiction la terrible réalité autour des disparitions de femmes autochtones dans le grand nord canadien, l’écrivain nous plonge dans une enquête sordide et violente où ses deux héros vont devoir affronter les démons de leur passé comme ceux nettement plus tangibles qui hantent Norferville.

J’ai dévoré ce roman, fasciné par les descriptions des paysages comme la violence du récit. Un excellent polar redoutablement efficace.

Injoignable

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Il n’y a pas si longtemps, la copine d’un ami a essayé de me contacter pour obtenir des photos de concert en plein format pour lui faire un cadeau. 

Ne pouvant demander mes coordonnées au gars en question, puisque c’était une surprise, elle a tenté de me joindre via les réseaux sociaux, mais sans succès.

Pourtant je suis présent sur de nombreux réseaux sociaux : Facebook, Instagram, Mastodon, Blue Sky, WhatsApp, Messenger et trois Flickr, oui trois… J’ai également trois sites web et quatre adresses email. Si avec ça je ne suis pas joignable…

En réalité, j’ai tout fait pour que l’on ne puisse pas me contacter. Sur les sites web, mon téléphone et mon adresse email ne figurent nulle part et je n’ai pas installé de formulaire pour me contacter. Tout au plus est-il possible de poster un commentaire sur mes deux pages WordPress.

Sur la page Facebook, j’ai supprimé le bouton contacter, sur Flickr il faut disposer d’un compte pour pouvoir contacter quelqu’un et les réseaux Mastodon et Blue Sky restent tout de même assez confidentiels pour que peu de personnes me recherchent dessus.

Je ne suis pas totalement invisible, par contre je suis relativement injoignable. Et c’est volontaire.

Lorsque le webzine Neoprog existait encore, je recevais de nombreuses sollicitations par mail, messages et SMS pour me proposer des albums, des interviews, des concerts ou même me demander des informations afin d’organiser une tournée en France. Ça n’arrêtait pas. Alors j’ai décidé de disparaître, histoire de ne plus être sollicité.

Malgré ces mesures radicales, je reçois toujours quelques demandes, mais cela n’a rien de comparable avec la grande époque. D’ailleurs ça me manque presque, j’avais l’impression d’être important… Bref passons… Certaines promotions arrivent encore directement par la Poste mais elles sont de plus en plus rares, d’autres par mail et le plus souvent dans les commentaires des réseaux sociaux et de WordPress. Cela ne représente plus qu’une sollicitation par mois au maximum à laquelle je réponds toujours poliment mais fermement pas ‘non merci’. 

Dernièrement un groupe de prog d’Amérique du Sud a réussi à me contacter sur Flickr et sur le blog pour m’inviter à écouter sa musique. Ils devaient être désespérés. 

Tout ça pour dire que si vous avez essayé de me contacter un jour ou l’autre sans succès, ne vous en voulez pas, je travaille activement à ce que ce soit difficile. Je ne chronique pas de promotion, je ne fais plus d’interview, je ne me rends qu’aux concerts qui m’intéressent et je demande tout seul mes accréditations photos. Cela nuit certainement à ma visibilité sur la toile mais est-ce bien important ?

Quant aux copines qui veulent imprimer des images que j’ai photographié, je leur rappelle tout de même que tous mes clichés sont sous copyright et que donc interdits de reproduction, modification, utilisation, sans une autorisation expresse de ma part pour les utiliser, surtout lorsqu’on les re cadre pour couper la signature. Vilaine fifille !

Royal Sorrow – Innerdeeps

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Bon, les groupes de métal progressif mélangeant chant clair, djent, électro et pop, j’en ai clairement ma claque, sauf si vous me parlez de Voyager, Leprous ou Vola. Alors pourquoi vous présenter Royal Sorrow aujourd’hui, sérieusement ?

Tout d’abord parce que je n’ai plus rien en stock et qu’il fallait bien trouver un album pour cette semaine. Ensuite parce que je n’ai jamais chroniqué ce jeune groupe de metal. Normal vous me direz, puisqu’ils signent ici leur premier disque chez Inside Out. Enfin parce que malgré son côté commercial, Innerdeeps tabasse pas mal.

Innerdeeps est une galette de trois quarts d’heure contenant dix titres de trois à cinq minutes. Sa musique se rapproche comme mentionné plus haut de Leprous, Voyager, Vola, Tesseract et compagnie, savant mélange de gentil poutrage, de refrains mélodiques, de touches électro, le tout joué par trois gamins.

Markus chante et joue des guitares, Eero est à la basse et Janne cogne sur la batterie. Vocalement, pas de growl qui déchire les oreilles. A la place, c’est un chant clair médium un peu énervé qui domine avec des chœurs à profusion.

La batterie offre un service sur mesure, parfois un rythme paresseux minimaliste, parfois un toucher électrique ébouriffant. Quant à la guitare et la basse, elles se calent sur ce tempo à géométrie variable. Les guitares s’offrent en plus du djent de ‘Survival Complex’, quelques envolées lyriques comme dans ‘Samsara’. Il y a également des claviers à tendance électro qui complètent l’ensemble.

Tout cela est très bien joué, le trio connaît son affaire, mais ne nous mentons pas, c’est archi-classique. Niveau prise de risque et innovation, Innerdeeps risque de vous décevoir. Ceci posé, je trouve ‘Metrograve’ assez réussi avec son effet métronomique en introduction et le poutrage de ‘Survival Complex’ est des plus efficaces. Ce sont les deux titres qui sortent vraiment du lot sur l’album Innerdeeps. J’aurais aimé qu’il y en ait plus du même tonneau.

Le côté pêchu de l’album vient à la fois de la voix et de la musique. Si Markus use le plus souvent de chant clair, il force sur ses cordes vocales de temps à autre, toujours à la limite scream sans pousser jusqu’à la grosse voix, énervant quelques secondes un titre qui aurait pu rester gentillet.

Innerdeeps est une belle entrée en matière pour le jeune groupe Royal Sorrow. Il manque toutefois de personnalité, comme bien souvent, en restant largement influencé par ses modèles.

Si vous aimez le métal prog à la manière de Leprous, allez les découvrir.

Messa au Grillen

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Mardi 7 octobre, le groupe italien Messa jouait au Grillen à Colmar.

J’ai déjà eu l’occasion de les écouter en live au P8 il y a deux ans et je vous ai récemment parlé de leur excellent album The Spin sorti cette année, un vinyle qui a de fortes chances de figurer dans mon top 2025.

J’adore cette chanteuse brune vêtue de noir chaussée de talons hauts sur scène qui m’ensorcèle avec sa voix fabuleuse. Et j’adore leur musique psyché stoner qui se bonifie d’album en album. Bref, j’adore ce groupe.

J’allais au concert avec deux compères, Sébastien et Jean-Nicolas, bien décidés à ne pas conduire pour profiter des bières du Grillen. Du coup, j’ai transporté deux alcooliques anonymes. 

J’avais demandé une accréditation photo quatre jours auparavant, mais je n’ai reçu la réponse positive que le jour J à 15h, alors que j’étais au travail. J’avais rendez-vous avec mon kiné en sortant du boulot et les portes du Grillen s’ouvrait  à 19h ce qui m’a laissé un petit quart d’heure pour préparer mon matériel photo et manger quelque chose avant d’aller récupérer mes deux zozos. Autant dire que j’étais à cran.

Le trio de doom stoner colmarien Supertzar ouvrait le bal avec un son musclé et une batterie déchaînée. Si j’ai bien compris, ce concert sera l’un de leurs derniers, d’après que qu’a dit Bruno le chanteur guitariste du groupe. Dommage, parce que leur musique fonctionne bien et ils assurent en live. Je dis ça, mais bon, après trois morceaux, j’avais ma dose, ce genre de compositions restent relativement répétitives pour un proghead habitué aux morceaux alambiqués.

Installés au bord de la scène, les trois chevelus faisaient face au public venu nombreux ce soir-là. Bruno à gauche, Jules au milieu derrière sa batterie et Jonas à droite avec sa basse. Gros sons graves, batterie explosive, guitare chargée et chant clair, le groupe a livré un set assez long, jouant des morceaux de plus de sept minutes. Honnêtement, passé la moitié du set, j’ai commencé à trouver le temps long, déjà parce que j’avais mes photographies, ensuite parce que la musique ne m’emballait pas plus que cela.

Mais après un dernier titre et une rapide mise en place, c’est Messa qui s’installe. Bon et je crois que vous l’avez compris, je suis amoureux de leur chanteuse et de leur musique. Le groupe va jouer un large répertoire, avec une belle place au dernier album The Spin, mais pas que. Sara, entre deux gorgées de bière, chante comme une déesse sur ses talons aiguilles. Alberto, le guitariste timide, au look de Ringo Starr, nous livre des merveilles sonores tout en discrétion alors que Marco, à la basse, installé presque en face de moi, est nettement plus démonstratif sur scène. Reste Rocco, au fond de la scène, quasiment dans l’obscurité, qui donne le tempo au quatuor italien.

Le public est chaud bouillant. Un bonhomme torse nu et ventripotent aux cheveux blancs s’agite comme un diable au premier rang (il trinquera avec Sara amusée par tant d’enthousiasme), un photographe hésite entre hurler et prendre des photos (je suis un peu dans le même cas) et mes compagnons de route boivent des bières. Pour ma part j’arrive à me faufiler dans la foule mouvante pour changer d’angle de vue, m’éloigner du gros son du premier rang pour mieux profiter de la voix près de table de mixage.

Je serai plusieurs fois en galère avec mon appareil photo. Comme dit plus haut, je n’ai pas eu le temps de le préparer avant de partir et certaines limitations que je m’impose en concert au matériel sautent pendant cette soirée. Souvent, je monte beaucoup trop haut en sensibilité, ce qui donnera des image quasi inexploitables pour certaines. Je n’ai pris qu’un boîtier, faute de temps pour préparer celui qui me sert principalement pour réaliser les vidéos des chroniques. Cela va m’obliger à des changements d’objectifs acrobatiques en plein salle de concert. Mais malgré toutes ces galères, je suis assez content des photos de Messa même si je me suis un peu trop focalisé sur la chanteuse.

Le son n’était pas génial devant la scène, trop de basses et les voix qui étaient noyées dans les décibels. Mais en allant au fond de la salle, le rendu était nettement meilleur, surtout pour le Grillen qui est une salle qui ne brille pas par son acoustique. C’est près de la porte de la sortie que j’ai profité de la fin du concert de Messa, histoire d’écouter de la musique et ne plus faire de photographies.

Le concert se termine vers 22h30, soit trois heures après son début. Cela tombe bien, car demain, je travaille et il faut que je ramène mes deux passagers à domicile avant de me coucher (c’est sur la route). La prochaine date programmée dans mon calepin est le 25 octobre Chez Paulette avec Mystery et si je peux, le 17 octobre avec Antimatter à Karlsruhe, mais pour l’instant j’ai d’autres obligations astronomiques.

Merci à Headbang et à mes deux passagers qui ne m’ont même pas offert une bière.

Toutes les photos de Messa sont ici.

Et les photos de Supertzar sont ici.